Le piano à fils
- Adi
- 28 août 2024
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 2 jours

J'ai longuement réfléchi, hésité, cherché et hésité avant de choisir mon métier à tisser principal. J'ai d'abord acheté un métier à tisser de table Ashford de 80 cm, que je possède et utilise toujours, avant de décider d'acquérir également un métier à tisser de sol comme principal outil de travail.

Un métier à tisser de sol dans un bateau est un peu encombrant, et au départ, j'avais choisi le Jackloom d'Ashford pour sa facilité de pliage. Mais j'ai finalement décidé d'en faire un élément permanent, à la fois sur le bateau et dans ma vie. J'aimais beaucoup les métiers à tisser de sol Gilmakra, mais tous les modèles étaient trop encombrants pour mon espace.

Après avoir lu de nombreuses heures d'avis, j'ai opté pour le métier à tisser à contremarche Louet Spring II à 12 cadres, fabriqué en Hollande. Pour gagner en espace, j'ai opté pour une largeur de tissage de 90 cm plutôt que de 110 cm. À ma connaissance, c'est tout simplement le meilleur métier à tisser manuel du marché, même non informatisé. Je souhaitais particulièrement un métier à tisser à contremarche, un système où la foule (l'espace où glisse la navette) est créée par les fils qui montent et descendent, ce qui assure une tension uniforme. Avec la plupart des autres systèmes, certains fils restent statiques tandis que d'autres se lèvent pour créer la foule, ce qui entraîne une tension inégale pendant le travail.

Commandé chez Saber Fazer au Portugal, et après plusieurs livraisons ratées et une communication déplorable avec UPS, j'ai dû aller le chercher dans une zone industrielle de Narbonne… sur mon vélo électrique, et pédaler tant bien que mal le long du canal pendant 20 km pour rejoindre mon bateau à la campagne. C'était une faute d'UPS, pas de Saber Fazer, qui est excellent. Mais en le repoussant, j'ai eu le pressentiment que c'était l'un des biens les plus précieux de ma vie et qu'il me resterait à jamais.

Il m'a fallu plusieurs jours pour comprendre comment le construire, en faisant très attention à ne rien rayer ni casser. Les vidéos en ligne de Louet m'ont vraiment aidé, bien plus que le manuel papier. Un vieil homme gentil m'expliquait les lisses, les pédales, les agneaux et tout le reste à partir de vieux enregistrements. Le château (un coffre rempli de poulies, de ressorts et de cordes) est pré-assemblé, ce qui est une bénédiction car il a l'air complexe. J'avais choisi un établi différent des établis de tissage classiques.

La théorie du nouage est assez simple, même si, sur 14 pédales, j'ai constaté que la difficulté résidait dans les petites erreurs qui s'infiltraient. C'est vrai pour le tissage en général, et la méthode lente et régulière : faire, vérifier, vérifier, faire, vérifier, vérifier, faire, vérifier, vérifier, vérifier, vérifier est la meilleure. Il en va de même pour la règle d'or : si une erreur est repérée, il faut toujours la corriger, même si cela implique de réduire à néant des heures de travail, sinon tout le projet est ruiné.
Deux avantages du métier à tisser Spring II le distinguent, selon moi, de tous les autres :
Son silence, sans bruits de métal ni de bois. Le fonctionnement de la poulie est si fluide qu'on dirait un hibou en chasse.
La poutre flottante affiche visuellement la tension, facilitant ainsi son maintien uniforme tout au long du projet. En cas de jeu, le levier de la poutre s'incline vers le château. Pour obtenir une tension parfaite, il suffit de tourner la manivelle pour qu'elle soit parallèle au pied. Si elle s'éloigne du château, la tension est trop forte, relâchez la manivelle et laissez un peu de jeu. C'est un excellent moyen d'apprendre intuitivement la bonne tension, pour pouvoir la déterminer d'un simple toucher du doigt sur le tissu sans regarder la poutre. Quoi qu'il en soit, je trouve que c'est un excellent outil.

J'aime personnaliser les choses, je ne peux même pas résister. J'ai donc équipé le métier à tisser de poignées de frein et de batteur différentes, fabriquées à partir de branches locales. Un plan de travail en bois avec un râteau Ashford vissé pour maintenir mes fils a été placé au sommet du château, et je remplacerai ou ajusterai probablement de nombreux autres éléments au fil des ans. J'utilise des Toika Temples et des navettes Gilmakra. J'adore ces navettes, mais je vais peut-être essayer d'autres modèles.
J'adore le tissage, cela m'apporte tellement de paix et de joie, avec de la créativité et des motifs soignés et complexes en prime. Tant de compétences à apprendre. Je l'appelle mon petit piano à fils, créant de la musique avec des fils… et parce qu'il ressemble à un piano. Je crois que mon seul regret a été de ne pas avoir acheté le modèle 110 cm et de ne pas lui avoir fait de place, peu importe.

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